À l’approche de la rentrée universitaire 2025, la crise du logement étudiant atteint un niveau critique, en particulier à Paris où la demande excède largement l’offre disponible. Alors que les inscriptions dans l’enseignement supérieur continuent de croître, les étudiants et leurs familles font face à un véritable parcours du combattant pour se loger. Ce déséquilibre, désormais structurel, questionne les acteurs publics et privés qui s’efforcent – avec plus ou moins de réussite – de proposer des solutions viables. Analyse d’une tension qui ne cesse de s’intensifier.
Un marché sous pression : les causes de la pénurie
Plusieurs facteurs contribuent à l’aggravation de la pénurie de logements étudiants en France. En premier lieu, la croissance continue du nombre d’étudiants, avec plus de 3 millions d’inscrits dans l’enseignement supérieur pour la rentrée 2025, exerce une pression sans précédent sur le parc immobilier.
Cette demande accrue se heurte à une offre insuffisante. Les résidences universitaires du CROUS ne couvrent que 15 % des besoins, laissant la majorité des étudiants se tourner vers le marché privé. Or, ce dernier est marqué par une flambée des loyers, surtout dans les grandes villes comme Paris, Lyon ou Bordeaux, où les prix peuvent atteindre 900 à 1000 euros pour un studio.
Les plateformes de location saisonnière viennent accentuer le manque de biens disponibles. À Paris, de nombreux logements sont proposés sur ces plateformes, réduisant d’autant les offres pérennes pour les étudiants. Enfin, la construction de logements spécifiquement dédiés aux jeunes tarde à rattraper le retard accumulé au fil des années.
Des conséquences parfois dramatiques pour les étudiants et leurs familles
Cette pénurie provoque des situations de plus en plus précaires pour les étudiants. Certains sont contraints d’accepter des logements insalubres ou éloignés, multipliant les heures de transport quotidien. D’autres, faute de solutions, restent chez leurs parents ou renoncent à intégrer l’établissement de leur choix.
À Paris, Alexia, 21 ans, raconte : “Je devais commencer un master dans le 5e arrondissement, mais avec un budget de 700 euros, impossible de trouver un appartement. Je dors sur un canapé chez une amie, le temps de trouver une colocation.”
Pour les familles, la charge financière devient difficilement soutenable. Entre loyers élevés, garanties exigées et frais d’agence, le logement accapare une part toujours plus importante du budget familial. Cette réalité pèse fortement sur l’égalité des chances dans l’accès aux études supérieures.
Réactions politiques et solutions innovantes en 2025
Face à cette crise, le gouvernement français a annoncé en septembre 2025 un plan d’urgence logement étudiant doté de 1,2 milliard d’euros. Parmi les mesures présentées : l’accélération de la construction de 35 000 nouveaux logements étudiants publics d’ici 2028, la régulation plus stricte des locations touristiques dans les grandes métropoles étudiantes, et l’amplification du soutien financier aux familles modestes via les APL revalorisées.
Outre l’action publique, des alternatives émergent. Le « coliving », qui combine espaces privés et services partagés, séduit de plus en plus d’étudiants en quête de flexibilité. De nombreuses résidences étudiantes privées s’implantent également dans les périphéries, offrant des logements meublés “tout compris”, souvent plus chers mais bien situés et bien équipés.
Le bail mobilité, entré en vigueur en 2018, connaît une seconde jeunesse. Ce contrat de location de courte durée, sans dépôt de garantie, séduit à la fois les jeunes en stage ou en alternance, et les propriétaires frileux à louer sur le long terme.
Vers une transformation nécessaire du modèle
La crise du logement étudiant révèle l’urgence de repenser la place des jeunes dans les politiques urbaines. Investir dans des logements accessibles, réhabiliter des bâtiments vacants, favoriser les partenariats publics-privés et repenser l’attractivité des campus en périphérie sont autant de pistes à développer.
Si la mobilisation observée en cette rentrée 2025 montre une prise de conscience réelle, seuls des investissements massifs, combinés à des mesures structurelles, permettront de répondre durablement au défi. Car derrière les statistiques, ce sont des parcours de vie et des vocations qui sont en jeu.

